Lors d’une campagne éclair d’inspection des véhicules utilitaires en Amérique du Nord* réalisée par la Commercial Vehicle Safety Alliance (CVSA) en 2024, plus de 13 500 véhicules ont été immobilisés parce qu’ils contrevenaient, d’une façon ou d’autre, à la réglementation.
Sans surprise, 21 % de ces infractions concernaient les pneus. Tous les ans, depuis 2018*, les pneus occupent la deuxième place dans la liste des infractions relevées par l’ASVC. Il en ressort donc clairement que la sécurité des pneus peut être améliorée.
Andrew Stacey est spécialiste en prévention des sinistres et en sécurité des parcs automobiles nationaux au Service de gestion des risques d’Aviva. Son travail l’amène à se rendre partout au Canada pour évaluer les parcs automobiles des entreprises – et il fait ce constat : les conducteurs et les gestionnaires de parcs automobiles peuvent mieux évaluer l’état des pneus avant toute utilisation de leurs véhicules, mais également entre les trajets.
Voici ses conseils sur ce qu’il faut faire – et pourquoi.
Écrous de roue desserrés
Le détachement des roues d’un semi-remorque est presque toujours causé par le desserrement des écrous de roue ou parce qu’ils n’ont pas été correctement resserrés après la dépose/pose des roues.
« Après un changement de pneu, le conducteur doit parcourir 50 à 60 km et ramener le camion à l’atelier pour vérifier rapidement que rien ne s’est détaché. Il est obligatoire de resserrer les roues à chaque fois », déclare Andrew Stacey.
Les conducteurs doivent également jeter un œil à tous les écrous de roue avant le départ. La présence de copeaux de métal provenant d’un frottement métal contre métal ou la présence de rouille sont des signes qu’un écrou de roue est desserré.
Pas assez de graisse et de lubrifiant dans les moyeux de roue
Andrew Stacey conseille aux conducteurs de faire très attention au cache-moyeu, le bouchon situé au centre du moyeu de chaque roue. « J’emporte toujours un trombone ou une épingle de nourrice pour déboucher le trou de ventilation afin d’éviter la surchauffe. »
Il recommande également de vérifier avant le départ qu’il y a suffisamment de lubrifiant dans le moyeu.
« Vous devez retirer le bouchon, à moins que vous ne puissiez faire ces vérifications par le regard. Si le moyeu est neuf, vous pourrez peut-être le voir au travers du regard. En plus de vérifier le niveau, vous saurez qu’il est bas si vous voyez des marques d’huile sur le côté du pneu. C’est le signe d’une défaillance du circuit d’huile ou d’une fuite au niveau du joint d’étanchéité. Cela peut souiller les freins, provoquer une surchauffe du moyeu au point d’entraîner le détachement d’une roue. »
Une chaleur excessive qui se dégage des moyeux est un autre signal, le conducteur peut placer ses mains près des moyeux après avoir terminé une étape pour en contrôler la température. « Si c’est le cas, vous devez approfondir vos vérifications pour voir si vous ne brûlez pas le moyeu. »
Pression de gonflage incorrecte
Il est essentiel de vérifier que le pneu est gonflé conformément aux spécifications du fabricant, car le sous-gonflage et le surgonflage sont tous les deux problématiques.
« Si un des pneus est mal gonflé et que vous mettez du poids dessus, le pneu n’est pas en contact avec la surface comme il le devrait. La chaleur générée peut alors devenir trop élevée et le pneu peut éclater. »
« Vous ne serez pas suspendu pour des pneus surgonflés, mais ils s’useront rapidement et le véhicule consommera plus de carburant », explique-t-il.
Il suggère de frapper chaque pneu avec un maillet pour voir si le son est net et franc. Le son doit être identique pour chaque pneu.
« Vous n’obtiendrez pas cette information en frappant le pneu avec vos mains ou vos pieds, même avec des bottes. Ce n’est pas suffisant. »
« Si vous entendez un son sourd, il y a un problème de pression. »
Profondeur de la bande de roulement
Chaque conducteur devrait vérifier la profondeur de la bande de roulement lors de son inspection avant de prendre la route.
« À mesure que la profondeur de la bande de roulement diminue, vous commencez à voir les petites crêtes ou les bosses carrées entre les bandes de roulement. Ce sont les indicateurs d’usure. Plus le pneu s’use, plus les indicateurs d’usure affleurent; et lorsque la bande de roulement arrive au même niveau que les indicateurs, le pneu doit être remplacé immédiatement. »
À la fin de chaque inspection, il recommande d’avancer le camion de deux ou trois pieds et d’examiner à nouveau les bandes de roulement. « Il y a des zones plus plates ou plus usées que d’autres si le pneu s’use irrégulièrement. »
Charge excessive
Il est dangereux et dommageable pour un véhicule de rouler avec une charge supérieure au poids maximum recommandé. Les pneus subissent souvent les conséquences d’une remorque surchargée et éclatent alors que le véhicule roule.
« Il est important que les conducteurs vérifient le poids qu’ils transportent sur leurs connaissements. Il faut toujours le faire peser sur une balance publique pour être sûr qu’il reflète la réalité. »
« Si le poids sur un groupe d’essieux est excessif, il est possible de déplacer des roues de la remorque vers l’avant ou vers l’arrière de sorte que le soutien des roues soit plus adapté au poids. »
Andrew Stacey ajoute que les conducteurs devraient tous avoir suivi une formation sur les poids et les dimensions afin de savoir quel poids est approprié pour tel ou tel groupe d’essieux de chaque remorque qu’ils tractent.
Pneus incorrects ou mal assortis
Certaines entreprises de transport routier utilisent des remorques dont les pneus ne sont pas assortis, ce qui induit une usure inégale. Cette pratique est dangereuse, car elle augmente les risques d’éclatement d’un pneu alors que la remorque roule.
« Si je pose un pneu d’été à l’extérieur et un pneu d’hiver robuste à l’intérieur, la profondeur des bandes de roulement de l’un différera de l’autre, car l’un devra supporter davantage de charge. Il va chauffer et risquera d’éclater. »
Si un conducteur constate une incompatibilité évidente lors d’une inspection avant de prendre la route, Andrew Stacey conseille d’en parler au mécanicien. « Et si un pneu éclate sur la route et que le mécanicien n’a pas le pneu correspondant, vous pouvez retourner à l’atelier, mais il faut alors le changer immédiatement. »
Boursouflures et fissures
Dans un premier temps, l’inspection des pneus avant tout trajet consiste à rechercher visuellement des dommages évidents, comme les boursouflures et les fissures.
« Vérifiez que le pneu a l’air en bon état et qu’il n’est ni usé ni fissuré parce qu’il est resté en place trop longtemps. Vérifiez qu’aucun câble d’acier n’affleure à la surface du pneu – ce qui indiquerait clairement qu’un pneu est fini et qu’il ne devrait jamais être utilisé. »
« Vous devez également en examiner les flancs pour vérifier qu’ils ne présentent ni coupures profondes ni dommages évidents. »
Usure en creux et godets
L’usure en creux et godets désigne une usure irrégulière et inégale de la bande de roulement qui lui donne un aspect ondulé. Ce type de dommage est souvent le signe d’un problème mécanique ou d’entretien sous-jacent plutôt que le signe d’une usure normale.
« Passez votre main sur la surface du pneu pour détecter les creux, les bosses ou une ondulation – qui ne sont pas toujours visibles. »
« Prêtez également attention aux vibrations inhabituelles lorsque vous conduisez, en particulier à grande vitesse. Ce type d’usure se traduit souvent par des tremblements ou une conduite malaisée », poursuit-il.
Investir dans un protocole d’entretien des pneus efficace
Andrew Stacey explique que de nombreuses grandes entreprises ont une entente avec une entreprise spécialisée dans les pneus qui envoie un technicien agréé chez le client une ou deux fois par jour pour inspecter les pneus.
Ce type de surveillance ne doit toutefois pas se substituer à la responsabilité du conducteur d’évaluer l’état des pneus avant chaque trajet. « Les conducteurs sont la dernière ligne de défense. »
« Il est également crucial de faire des inspections une fois le trajet terminé. Faites le tour de l’unité pour vérifier que les moyeux ne fuient pas, qu’aucune chaleur excessive ne se dégage et qu’aucune perforation n’est survenue pendant le trajet. Vous pouvez même refaire le “test du maillet”. Vous informerez le mécanicien de tout problème afin qu’il puisse y remédier avant le prochain trajet. »
Vous aimeriez en savoir plus sur la sécurité des pneus?
Le Service de gestion des risques d’Aviva peut répondre à vos questions. Envoyez un courriel aux spécialistes des parcs de véhicules utilitaires.
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