L’incapacité à lutter efficacement1 contre les changements climatiques pourrait fort bien s’avérer le plus grand risque auquel le monde sera confronté au cours de la prochaine décennie.
Qu’il s’agisse du réchauffement climatique, des phénomènes météorologiques extrêmes, de la perte de biodiversité, des catastrophes naturelles ou simplement de l’incapacité à atténuer les dommages causés par les actions passées, le risque est bien réel. Pour la toute première fois au Canada, plus de 100 000 kilomètres carrés de terres ont brûlé jusqu’à présent cette année2 et les feux de forêt se sont propagés aux zones urbaines. Il y a toujours eu des feux de forêt au Canada, mais leur fréquence et leur intensité ont augmenté, faisant de l’année 2023 la pire saison jamais enregistrée au pays. Cette augmentation est principalement liée aux changements climatiques.
La situation oblige les gouvernements et les entreprises à agir de façon concrète et substantielle.
La carboneutralité est un élément clé pour relever ce défi de taille. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)3, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C (conformément à l’Accord de Paris4), tous les pays doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45 % d’ici 2030 et devenir « zéro émission nette » d’ici 2050.
Comprendre les trois types de risques climatiques associés au changement de climat
Les risques climatiques se divisent en trois grands domaines : les risques physiques, les risques de transition et les risques de responsabilité.
Risques physiques
Les risques physiques se répercutent sur l’économie de diverses façons, y compris les dommages causés aux actifs physiques par des conditions météorologiques extrêmes, la réduction de la productivité agricole, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la perte de biodiversité. Tous ces éléments peuvent avoir une incidence sur l’économie, les investisseurs, les entreprises et la vie quotidienne.
L’industrie canadienne de l’assurance a enregistré quatre fois plus de demandes d’indemnisation liées à des catastrophes naturelles depuis 2008 en raison des ouragans, des inondations, des tempêtes de grêle et des feux de forêt. En 2022, ces intempéries représentaient 3,1 milliards de dommages assurés, par rapport à 400 millions en 2008.5
Pour faire face aux risques physiques causés par les changements climatiques, il est essentiel de gérer l’exposition au risque et de mettre en place de solides mesures d’atténuation et de résilience afin de prévoir ces types de scénarios. Pour les stratégies et les projets à long terme, il faut tenir compte des risques physiques à l’étape d’évaluation des risques dans la planification et les investissements.
Risques de transition
Les risques de transition ont toujours été un point central de l’analyse des répercussions des changements climatiques. Ces risques découlent de l’incertitude relative créée par la transition mondiale vers une économie plus durable et carboneutre. Bien qu’il soit essentiel, pour atteindre la carboneutralité, de passer à une économie neutre en carbone, il y a un prix à payer.
L’évolution des pratiques d’approvisionnement en énergie, des hypothétiques taxes sur le carbone, de la disponibilité du capital et même des préférences des consommateurs entraînent tous de nouveaux risques pour les entreprises : les risques de transition.
Par exemple, les actifs actuels dans les secteurs à fortes émissions pourraient perdre – et vont perdre – de la valeur en raison des activités liées à la décarbonisation. De même, si ce n’est déjà fait, ces secteurs verront leur accès au capital réduit, ce qui nuira aux activités commerciales quotidiennes et aura de graves répercussions sur le potentiel de croissance. Selon des rapports récents, la moitié des actifs mondiaux de combustibles fossiles pourraient perdre toute leur valeur d’ici 2036 dans la transition vers la carboneutralitéi, rendant ainsi la redistribution de capital peu attrayante.
Les entreprises devront dorénavant s’attaquer au problème des « actifs non performants », par exemple les ressources en combustibles fossiles qui ne peuvent pas être brûlées et les infrastructures de combustibles fossiles (p. ex., pipelines, centrales électriques) qui ne sont plus utilisées et qui pourraient devenir un passif.6
Risques de responsabilité
Les litiges liés au climat sont en hausse, et constituent une menace accrue pour les entreprises. Cette tendance en matière de litiges liés au climat ne montre aucun signe de ralentissement. Alors que les sociétés pétrolières et gazières étaient habituellement ciblées, les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, des transports ainsi que des finances ont tous subi une augmentation des litiges relatifs au climat depuis 2020. La poursuite intentée contre H&Mi pour « écoblanchiment », l’enquête et les amendes imposées à Goldman Sachs en lien avec le non-respect des facteursii ESG, et les poursuites intentées en septembre 2023 par l’État de Californieiii contre cinq des plus grandes compagnies pétrolières qui ont « étouffé » la corrélation entre la production de combustibles fossiles et les changements climatiques ne sont que quelques exemples récents.
[i] H&M Case Shows How Greenwashing Breaks Brand Promise (forbes.com) (en anglais seulement)
[ii] SEC.gov | SEC Charges Goldman Sachs Asset Management for Failing to Follow its Policies and Procedures Involving ESG Investments (en anglais seulement)
[iii] ft.com/content/3b655443-5721-4524-9e8f-ffbf314b06a7 (en anglais seulement)
En outre, la responsabilité des administrateurs et dirigeants7 est d’autant plus préoccupante. Il est essentiel d’être bien protégé pour atténuer les répercussions de ces risques juridiques (et d’autres risques pour la réputation) si ces personnes sont poursuivies dans le cadre de leur mandat d’administrateur ou de dirigeant d’une entreprise ou d’une organisation.
Miser sur une divulgation des informations liées au changement climatique et l’éducation pour prendre des décisions en lien avec le capital de risque
La communauté des investisseurs cherche à obtenir de meilleures informations qualitatives et quantitatives sur l’exposition des entreprises aux risques climatiques, la résilience de leurs stratégies et les mesures d’adaptation qu’elles mettent en place pour assurer leur réussite et réaliser leur stratégie. Par conséquent, les entreprises du monde entier devront respecter des exigences plus strictes de divulgation des informations liées au changement climatique – notamment la déclaration des émissions de GES – afin de réduire les risques et d’attirer les investisseurs.
Le Protocole des gaz à effet de serre (GES) classe les GES d’une entreprise en trois « portées » 8 :
- Émissions de portée 1 - émissions directes provenant de sources détenues ou contrôlées par l’entreprise.
- Émissions de portée 2 - émissions indirectes provenant de sources d’énergie achetées.
- Émissions de portée 3 - émissions indirectes (non incluses dans la portée 2) provenant de la chaîne de valeur de l’entreprise, y compris les émissions en amont et en aval.
Les entreprises devraient fixer des objectifs ambitieux et divulguer leurs émissions de portée 1 et 2. Les émissions de portée 3 sont généralement les catégories les plus difficiles à suivre. C’est pourquoi il est essentiel de recenser les émissions des fournisseurs et des clients afin de saisir ces données et, ultimement, réduire les émissions. Pour de nombreuses entreprises, les émissions de portée 3 représentent plus de 70 % de leur empreinte carbone.9 Par exemple, pour un fabricant de produits, l’extraction, la fabrication et la transformation des matières premières génèrent souvent des émissions de carbone importantes.
En mars dernier, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) du Canada a publié une version provisoire de la ligne directrice B-15v, Gestion des risques climatiques, le premier cadre de surveillance qui tient compte des effets des changements climatiques sur la gestion des risques. Il y est question de la divulgation obligatoire d’informations financières en lien avec les changements climatiques, conformément aux recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) pour les institutions financières fédérales (IFF), incluant les assureurs. La ligne directrice entrera en vigueur à la fin de l’exercice 2024.
Alors que les entreprises planifient leur avenir, elles devraient tenter de diriger leurs ressources vers des partenaires et des fournisseurs durables pour réduire davantage leurs émissions et profiter d’un meilleur accès au capital (car les sources de capital s’éloignent des secteurs et des entreprises à fortes émissions).
Les entreprises renforcent leur crédibilité et augmentent leur valeur en privilégiant les investisseurs qui prennent des décisions favorables au climat et adaptées aux exigences du marché. De tels types d’investissements et de décisions favoriseront le changement. Par exemple, l’ambition d’Aviva en matière de développement durable,* le travail pour devenir une société « Zéro émission nette (ZéN) » d’ici 2040 et nos récents rapports.
Ce que l’avenir réserve aux entreprises – travailler pour un avenir meilleur
Le changement est propice à de nouvelles possibilités. Alors que les entreprises passent à un modèle d’affaires plus durable, les assureurs veillent à ce qu’elles soient protégées, respectent leurs exigences réglementaires et se positionnent pour réussir, aujourd’hui comme demain. À mesure que les profils de risque évolueront, les marchés, la technologie et les solutions d’assurance feront de même.
De plus, cette transition attire de nouveaux investissements sur le marché. Un investissement annuel de 130 milliards de dollars canadiens est prévu alors que les entreprises s’efforcent de devenir carboneutres d’ici 2050.10 Les parties prenantes préparées et résilientes de la chaîne de valeur pourront tirer le meilleur parti de ces situations et se positionner pour réussir et croître davantage dans ce nouveau secteur commercial durable.
* en anglais seulement
Vous souhaitez protéger votre grande entreprise contre les imprévus?
La division Grands comptes et assurance spécialisée (GCS) d’Aviva propose des solutions d’assurance et de gestion des risques souples et novatrices à nos grands clients en assurance des entreprises, au Canada et ailleurs dans le monde. La raison d’être de GCS consiste à offrir un service hors pair qui procure un avantage durable à nos clients en combinant protection, gestion experte des sinistres et soutien dévoué.
Sources
1 Conseil de sécurité : en présence de 11 chefs d’État et de gouvernement, le Secrétaire général propose quatre domaines prioritaires d’action pour la sécurité climatique Conseil de sécurité : en présence de 11 chefs d’État et de gouvernement, le Secrétaire général propose quatre domaines prioritaires d’action pour la sécurité climatique | UN Press
2 Canada sees 100,000 square kilometres burned this record-breaking wildfire season | CityNews Toronto (en anglais seulement)
4 The 1.5 C climate threshold: What it means and why it matters | World Economic Forum (weforum.org) (en anglais seulement)
5 Catastrophic losses in Canada standing at $3.1 billion in 2022, versus $40 million a year in the mid-80s. (See page 15-25 below) https://a-us.storyblok.com/f/1003207/x/09c346cc31/ibc-2022-facts.pdf (en anglais seulement)
6 What are stranded assets? - Grantham Research Institute on climate change and the environment (lse.ac.uk) (en anglais seulement)
7 Climate disclosure rules may have D&O consequences | Business Insurance (en anglais seulement)
8 FAQ sur le Protocole des gaz à effet de serre (GES) FAQ.pdf (ghgprotocol.org) (en anglais seulement)
9 What are scope 1, 2 and 3 emissions? | Deloitte UK (en anglais seulement)
10 La page 80 du budget en parle https://www.budget.canada.ca/2022/pdf/budget-2022-en.pdf (en anglais seulement)
i Reframing incentives for climate policy action | Nature Energy (en anglais seulement)
ii H&M Case Shows How Greenwashing Breaks Brand Promise (forbes.com) (en anglais seulement)
iii SEC.gov | SEC Charges Goldman Sachs Asset Management for Failing to Follow its Policies and Procedures Involving ESG Investments (en anglais seulement)
iv ft.com/content/3b655443-5721-4524-9e8f-ffbf314b06a7 (en anglais seulement)
v Ligne directrice B-15 – Gestion des risques climatiques (osfi-bsif.gc.ca)